Guillaume, pêcheur de bulot
Découvrez son parcours
et son engagement pour les océans
LA PÊCHE, UNE HISTOIRE DE FAMILLE
Guillaume Lenoir, 42 ans, est un pêcheur responsable de bulot à Granville en Normandie. Et ce depuis toujours.
Guillaume arpente les quais et les ports dès le plus jeune âge. Originaire de Bricqueville-sur-mer, il a grandi dans les salines.
« Tout gamin, je ne me serais pas vu faire autre chose. C’était naturel pour moi de pêcher ! »
Son grand-père Henri était déjà pêcheur et avait un doris, une sorte de petite chaloupe qui accompagnait les grands Terre Neuvas, où 2 marins plaçaient puis remontaient les lignes. Son grand-père pêchait surtout de la crevette, mais aussi d’autres espèces au rythme des saisons. Son père Jean-Paul était mytiliculteur de moules de bouchot et partait aussi pêcher en mer. Il emmenait souvent son fils avec lui. C’est ainsi que Guillaume a commencé la pêche à 11 ans.
C'est au lycée maritime de Cherbourg que Guillaume obtient son Brevet de Commandement et d’Exploitation des navires de pêche.
« J’ai été patron assez jeune, vers 21 ans. Et vers 24 ans, j’ai été patron-armateur, j’étais à la fois propriétaire et gestionnaire de mon bateau. Travailler en mer c’est une habitude, et je n’aime pas travailler à terre. Si je vais en mer, c’est forcément pour pêcher. »
Aujourd’hui, c’est dans le nom de son troisième bateau que Guillaume rend hommage à son héritage familial : son bateau de 10,50 mètres a été rebaptisé "Jean-Paul Henri". Avec ses deux matelots, ils forment plus qu’un équipage : une vraie famille qui affronte vents et marées pour pêcher le bulot depuis 10 ans. Pour Guillaume, il est important de perpétuer cet esprit familial.
Tous ensemble, ils font désormais partie des nombreux pêcheurs de la pêcherie de bulot au casier de la baie de Granville certifiée MSC pêche durable depuis 2017.
LA PÊCHE AU BULOT
Bateau, bulot, dodo
Guillaume est l'un des capitaines des 66 bulotiers de la baie de Granville certifiés MSC. Ces 66 bateaux pêchent environ 70% des bulots français. Guillaume pêche le bulot au casier entre 7 et 12 heures par jour, cinq fois par semaine. C'est la durée d'une marée, c'est-à-dire d'une sortie en mer. Ce rythme lui permet d'avoir ses weekends libres. Mais c'est un travail difficile physiquement, surtout lorsqu'il faut se lever à 4 heures du matin : les pêcheurs alternent en effet entre une semaine de pêche en journée et une semaine de pêche de nuit.
La pêche au casier est une méthode de pêche douce et respectueuse de l'environnement qui ne stresse pas l'animal, attiré dans le casier par une boëtte, l'appât. Le bulot de la Baie de Granville vit sur un sol sableux et peu vaseux, et il est brassé par les plus grandes marées d'Europe.
Guillaume possède les 720 casiers réglementaires qu'il répartit par filière de 50 casiers. Une filière est un long fil sur lequel tous les casiers sont attachés et espacés d'environ 12 mètres. Chaque casier est très lourd : environ 18 kilos vide et 26 kilos plein. Auparavant, les casiers étaient composés de dalles en béton ce qui rendait le travail d'autant plus difficile. Désormais, ils sont en ferrailles et sont donc plus légers.
« J’attrape le casier, je l’embarque, un matelot le vide et un autre les trie, le matelot dispose un nouvel appât dans le casier puis le relance à la mer. Les bouées indiquent le bout de la filière. »
À bord, le bulot est examiné à la loupe ! Une machine, la calibreuse rotative, vérifie la taille des bulots et rejette en mer les juvéniles afin qu’ils aient le temps de grandir. À bord, les bulots sont triés, mais aussi rincés et stockés dans des caisses que l’on appelle les grêles. Ils sont ensuite débarqués, vendus en criée puis distribués soit vivant, soit cuit en vrac sur les étals des poissonneries ou en rayon.
Avec 20 ans de carrière derrière lui, Guillaume a été témoin de nombreux changements dans le métier. Pour lui, le secteur de la pêche a bien évolué.
« Avant, c’était un métier où les pêcheurs faisait ce qu'ils voulaient. Maintenant, heureusement il y a plus de réglementation ! »
DU BULOT DURABLE, UNE PREMIÈRE MONDIALE
La ressource a connu bien des péripéties. Ce gastéropode, surnommé l’escargot de mer, était historiquement pêché à pied et consommé sur les côtes normandes dans les plats traditionnels. En 1886, la pêche commerciale du bulot commence lorsque Terre Neuve interdit la vente d’appâts aux français pour la pêche à la morue, qui seront dès lors remplacés par des bulots. Dans les années 1970, le bulot connaît un pic d’exploitation, et dans les années 1980-90, la production atteint son apogée. Puis en 2004, la population de bulot décline drastiquement et les rendements diminuent de moitié ce qui inquiète la communauté des pêcheurs et des scientifiques.
Des mesures sont alors prises pour sauvegarder l'espèce : fermeture de la pêche en janvier, réduction progressive du nombre de licences accordées, l'écartement des grilles de tri est augmenté pour relâcher plus de juvéniles et une limite de capture de 300kg par homme embarqué et par jour est mise en place. Une coopération entre les pêcheurs et les scientifiques de l'IFREMER permet d'avoir une meilleure connaissance de l'état et de la population des bulots de la Baie de Granville. Ces efforts encourageants portent leurs fruits : dès 2008, la population de bulots repart à la hausse !
« Maintenant, c’est différent car la pêche a baissé. La Commission bulots a fait beaucoup d’efforts pour diminuer l’effort de pêche. La pêche durable pour nous c’est normal, on n’a pas le choix ! Tout le monde joue le jeu. On respecte le nombre de casiers, notre quota journalier, les tailles de capture. On a changé la grille de 19 à 22 mm. »
En 2014, la pêcherie normande s’engage donc dans le processus d’évaluation MSC, soutenue par le Comité Régional des Pêches Maritimes (CRPM) de Normandie, avec l’appui technique de Normandie Fraîcheur Mer (NFM) et de Synergie Mer et Littoral (SMEL). En 2017, elle devient la première pêcherie de bulot au monde à obtenir la certification MSC, une vraie récompense de tous les efforts accomplis !
"L'évaluation MSC de la pêcherie a duré longtemps car nous avions un manque de données pour définir les seuils d'alerte de la biomasse. Nous avons dû faire des recherches pour les définir plus précisément. Cela a permis des règles de captures plus strictes et une meilleure gestion des pêches."
« Pour moi, le label MSC est une vraie reconnaissance de nos efforts »
Guillaume Lenoir
PENSER À L'AVENIR
Guillaume est conscient et fier d'appartenir à la pêcherie de bulots de la baie de Granville certifiée MSC. Il croit à une pêche engagée et durable et a pleinement conscience de l'importance de préserver les ressources marines et les écosystèmes pour le futur.
« Mes enfants sont beaucoup plus au courant que nous des problèmes environnementaux. Maintenant ils parlent d’écologie à l’école, ils le voient dans les médias, sur les réseaux sociaux. Je suis heureux de pouvoir leur dire que j’y participe en préservant la ressource pour les générations futures. »
Il lance un appel aux consommateurs pour être plus responsables comme lui et faire leur part dans la transition vers une pêche durable. Il adresse également un message aux jeunes pour qu'ils agissent et prennent conscience des enjeux liés aux océans !
« Il faut que le consommateur joue le jeu et voit la différence. Il faut leur dire d’acheter plutôt du bulot certifié MSC plutôt qu’un autre, au moins il est pêché de manière plus écologique. Il faut préserver la ressource pour en avoir dans 50 ans. Il faut aussi dire aux jeunes de ne rien jeter en mer et de laisser la mer le plus propre possible. »
Optimiste, Guillaume continuera de pêcher, durablement et en préservant les océans et la biodiversité, pour les générations futures.
Vous aussi, soutenez les efforts de Guillaume et des bulotiers normands pour des océans plus durables : mangez vos bulots-mayo certifiés MSC !
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Toutes les photographies sont soumises à copyright © MSC ou Frédéric Briois.